L’inclusion financière est l’un des concepts les plus usités et les plus à la mode aujourd’hui. Le concept est évoqué aussi bien dans les médias, dans les discours politiques, chez les responsables d’organismes de développement ainsi qu’au sein d’acteurs du secteur privé.

Simple buzzword ou tendance et besoin de fond pour le système financier mondial ?

Sur internet, au cours des lectures ou encore lors des conférences, … nous ne manquons certainement pas d’intercepter le concept de Finance Inclusive encore appelée Inclusion Financière. Comment la définit-on ? et quels en sont les tenants et aboutissants ?

Selon la Banque mondiale, l’inclusion financière désigne « la possibilité pour les entreprises et les particuliers d’accéder à moindre coût à toute une gamme de produits et de services financiers utiles et adaptés à leurs besoins (transactions, paiements, épargne ou crédit, assurance, …), proposés par des prestataires fiables et responsables ».

La finance inclusive revêt d’une telle importance qu’elle est considérée par plusieurs organisations et États comme un facteur crucial, permettant de réduire la pauvreté et de promouvoir la croissance. En effet, l’accès aux services financiers est cité parmi sept des dix-sept objectifs de développement durable à l’horizon 2030 de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Par ailleurs, le G20 à travers le Partenariat Global pour l’Inclusion Financière (GPFI), s’est aussi engagé avec ses principes de haut niveau en faveur de l’inclusion financière. Sans oublier que, depuis 2010, plus de 30 pays ont lancé ou sont en train de concevoir des stratégies nationales en faveur de l’inclusion financière sur un total de plus de 55 pays qui ont pris des engagements dans ce sens.

Il est important de rappeler que quatre critères déterminent l’inclusion financière :

  • L’accès aux produits et services financiers 
  • L’utilisation de ces produits et services financiers par tous
  • La qualité des produits et services offerts par toutes les institutions et tous les acteurs
  • L’impact positif que ces produits et services financiers ont sur la population entière surtout celle avec de faibles niveaux de revenus

Les enjeux de l’inclusion financière quant à eux sont tridimensionnels. En effet, l’inclusion financière permet, premièrement, aux particuliers de jouir du bien-être socioéconomique en étant en mesure, entre autres, de mieux gérer leurs dépenses, effectuer des transactions et paiements sécurisés à moindre coût, bénéficier de financements de leurs activités et de prêts pour faire face aux chocs de la vie courante, investir dans l’éducation et la santé et épargner pour l’avenir. Deuxièmement, pour les entreprises, l’inclusion financière revêt un enjeu de compétitivité. Elle facilite le financement de leur croissance, la réalisation de leurs investissements et placements, et la création d’emplois. Troisièmement, les économies, à travers l’inclusion financière s’assurent une croissance inclusive. Elles peuvent aisément mobiliser davantage de ressources, assurer la stabilité et l’intégrité financières, créer de l’emploi, réduire les disparités socioéconomiques.

Toutefois, malgré ses enjeux nobles et sa portée significative, l’inclusion financière n’est pas du goût de tous les acteurs financiers. D’après l’étude Global Findex de la Banque mondiale, plus de 1,7 milliards d’adultes dans le monde, dont 56% de femmes, étaient sans compte bancaire en 2017. En plus de cela, même ceux disposant d’un compte bancaire ne parvenaient pas à bénéficier des autres produits et services financiers tels que les prêts, les comptes d’épargne, et les produits d’assurance. Il faut noter aussi que plus d’un milliard de détenteurs de compte continuent à payer plusieurs services notamment leurs factures, en espèces… 

L’exclusion financière est généralement involontaire. Les principaux facteurs qui influencent cette exclusion étant le revenu et le niveau d’éducation. D’après le sondage mondial de Gallup en 2017, les raisons sont inhérentes au manque de moyens financiers (67%), au coût élevé des services financiers (25%), à l’éloignement géographique des banques (25%). Il y’a aussi d’autres motifs plus ou moins volontaires, à savoir le fait qu’un membre de la famille dispose déjà d’un compte bancaire (25%), le manque de documentation (20%) et le manque de confiance en la banque (20%) ainsi que les motifs religieux (6%).

Hormis les situations d’exclusions rencontrées du côté de la demande, il est important de souligner que du côté de l’offre, pour des raisons d’absence, d’insuffisance ou d’inadéquation des cadres réglementaires, couplées parfois au manque de financement ou d’accompagnement, certains acteurs, véritables pépites, n’arrivent pas à éclore pour venir en soutien aux populations exclues financièrement.

Pour juguler l’exclusion financière qui engendre souvent une exclusion sociale, des voies, aussi bien de rupture que de continuité se sont dessinées au cours de ces récentes décennies. Elles viennent prêter main forte ou disrupter le système financier traditionnel dominé par la banque physique traditionnelle. En termes d’acteurs, il y’a entre autres, les institutions de microfinance, les FinTechs, les opérateurs de téléphonie mobile, les opérateurs de transfert et de carte de crédit, les institutions financières islamiques ainsi les nouveaux établissements de paiement et banques digitalisées. Il est désormais question aussi d’investir de nouveaux champs et d’adopter de nouveaux principes pour une plus grande utilité, inclusion et durabilité de l’écosystème financier.

C’est ainsi que l’on rencontre les concepts de finance éthique et de finance verte qui adressent notamment des problématiques liées à la durabilité. Pour la finance éthique, cela passe par l’utilisation des critères extra-financiers notamment Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) pour la réalisation des choix d’investissement, de financement et de placement des entreprises. La prise d’initiatives financières visant à favoriser la transition énergétique et à lutter contre le réchauffement climatique est l’apanage de la finance verte dont l’outil principal demeure les obligations vertes ou green bonds, émises dans le cadre du financement des projets écologiques.

Un nouveau champ qui ne cesse de se développer depuis plusieurs décennies concerne, la finance participative qui a pour objectif, la mise en relation directe entre investisseurs et porteurs de projets permettant ainsi une mobilisation plus étendue des ressources de la part du grand public en vue de financer des projets qui leur tient à cœur. Cela se passe essentiellement via les plateformes dites de crowdfunding. Par son originalité et sa praticité, cette finance permet de répondre aux besoins des porteurs de projets favorisant ainsi leur inclusion financière.

A travers ses produits et surtout son approche, la finance islamique vise à favoriser davantage de stabilité au système financier. En rappel, elle est fondée sur les principes de la loi islamique et cherche à transmettre une vision de justice, d’équité et de transparence dans la réalisation des opérations financières. Entre autres principes, elle interdit l’intérêt, exige un adossement des opérations à des actifs tangibles et favorise le partage de pertes et profits entre le porteur de projet et l’institution financière.

Venu à point nommé aussi, le social business favorise l’inclusion financière des populations exclues de facto du système financier conventionnel car démunies. Le social business concerne aussi bien les acteurs de la microfinance que ceux de l’impact investing. Il place la finalité sociale au-dessus de celle lucrative.

Somme toute, la finance inclusive s’accélère avec l’avènement et la diffusion rapide des nouvelles technologies financières désintermédiées ou portées par les régulateurs. La multiplication et le renforcement de l’infrastructure financière, l’adoption massive des technologies nouvelles par les différentes parties prenantes, une meilleure ouverture et supervision de ce nouvel écosystème en pleine mutation par les autorités de régulation, une stratégie nationale ou régionale pour adresser les problématiques de fracture numérique, de protection des consommateurs et leurs données, sont autant de pistes pour accélérer l’inclusion financière dans toutes les contrées du monde.

Cette accélération de l’inclusion financière est aussi observée dans le contexte actuel marqué par la pandémie de Covid-19. En effet, plusieurs initiatives voulues ou subies, entrant de plain-pied dans le champ de la finance inclusive, sont prises par les différents acteurs. Comment consolider l’élan amorcé et s’appuyer sur les acteurs de la finance inclusive pour contrer les effets néfastes du Covid 19 ? quelle place prendra cette tendance après la pandémie ? Y a-t-il suffisamment de fonds et d’acteurs pour venir en appui à toutes les personnes qui en ont besoin ?

Voici autant de questions qui nous viennent en tête dans le contexte très particulier que nous vivons et auxquelles nous tenterons de répondre dans les prochains numéros.

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Boukary TANDAMBA

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