Ce que Wirecard nous a appris :  les signes avant coureur d’un scandale financier

La révélation du mois dernier que l’étonnant succès de Wirecard se fondait sur une fraude a retenti comme un coup de tonnerre sur la place allemande. Mais historiquement, les scandales financiers se suivent et se ressemblent finalement beaucoup… Malgré les appels à davantage de surveillance et de contrôle, la question n’est pas de savoir si le cas se reproduira – mais quand. Les analystes de Mirabaud Securities – un des seuls bureau d’études à ne pas s’être laissé berner par le mirage des comptes de Wirecard – ont visiblement leur idée.

Premier drapeau rouge, ils disaient investir en R&D environ 5% de leur chiffre d’affaires, soit 100 millions d’euros, quand une entreprise comme PayPal dépense plus de 2 milliards de dollars à l’année en R&D, et affiche un taux de marge deux fois moindre. Ensuite, le taux de croissance de l’Ebitda au cours des trois derniers exercices était de respectivement 34%, 35% puis 36% et était attendu à 37% pour l’exercice suivant – soyons sérieux je n’ai jamais vu une entreprise afficher une telle linéarité dans son profil de croissance. Ça semblait vraiment trop beau pour être vrai.

Maintenant qu’il apparaît clairement que le succès Wirecard, désormais surnommé le « Enron allemand », reposait sur des comptes maquillés, la question est de savoir d’où viendra le prochain désastre financier. Dans une note, dont le Financial Times rapporte la teneur, Mirabaud Securities détaille les signaux d’alerte qui devraient attirer l’attention des investisseurs.

Pas moins de vingt symptômes suggèrent un risque de fraude :

  1. Un patron communicatif à l’extrême, recherchant la publicité, utilisant les médias avec habileté et passant beaucoup de temps à courtiser les investisseurs
  2. Un plan de rémunération monumental, qui ne soit pas assis sur les cash-flows ou les bénéfices mais surtout sur les ventes et/ou le cours de Bourse, ouvrant ainsi la voie à un enrichissement fabuleux en cas de forte hausse du cours (possiblement accompagné d’importants nantissements de la part du patron pour s’assurer par avance un train de vie de milliardaire)
  3. Une rémunération globalement déconnectée de celle des entreprises du même secteur, malgré une rentabilité nettement moindre
  4. Des projections éblouissantes ayant tendance, sur une longue période, à s’avérer trop optimistes
  5. Une fiabilité du produit ou du service sujette à caution, ou une technologie dont l’avance par rapport à des produits similaires n’est pas si évidente
  6. Une forme d’auto-attestation de certains résultats (reprise de chiffres avancés par des filiales étrangères obscures, absence d’auditeur…), ou encore de brutales hausses d’activité en fin de trimestre, jusque et y compris au dernier jour
  7. Un montant important de créances clients, surtout pour une activité où le produit vendu est en principe payé sur le champ
  8. Des signes suggérant que l’entreprise vit avec des bouts de ficelle (payant peu ou mal ses fournisseurs, salariés, bailleurs…)
  9. Une évolution paradoxale de la marge : par exemple reflétant une diminution des frais généraux et administratifs alors même que l’entreprise développe son assise géographique, ou bien encore une stabilité du taux de marge brute malgré une diminution significative du prix de vente moyen
  10. Une position de trésorerie revendiquée qui ne se traduit pas pour autant par des revenus d’intérêt significatifs
  11. Une rapide rotation des effectifs, en particulier dans les départements financier et juridique, une tendance au départ de cofondateurs ou d’administrateurs
  12. Une agressivité (par le biais de tiers rémunérés au besoin) à l’égard des critiques ou de ceux qui posent généralement trop de questions (lesquelles sont de toute façon rasoir).
  13. Une détestation des hedge funds
  14. Un dirigeant narcissique (bonus s’il utilise énormément les réseaux sociaux)
  15. Des cohortes d’intervenant divers (anciens membres de l’entreprise notamment) affirmant depuis des années que quelque chose cloche, mais que la hausse du cours fait passer pour des idiots
  16. Un ralentissement du taux de croissance des revenus, en dépit de tout le battage autour de l’entreprise et de son statut de valeur de croissance, ou des signes que la concurrence commence à grignoter une part de marché (partant d’un niveau trop important pour se maintenir durablement)
  17. Une incapacité à dégager de réels bénéfices, tout en prétendant que c’est le cas, ou en affirmant que ce le sera avec le lancement de tel nouveau produit
  18. Le recours massif (voire exclusif) à des mesures de performance ne répondant pas aux normes comptables en vigueur, comme les mesures non-GAAP aux USA, le passage d’une perte nette à un certain niveau de profit expliqué sommairement par des éléments exceptionnels ou des rentrées inhabituellement importantes – surtout si le fait d’afficher des bénéfices pendant une période donnée permet d’intégrer un indice boursier prestigieux
  19. Un conseil d’administration peu actif, si possible redevable d’une manière ou d’une autre au patron, comprenant éventuellement des proches du patron (membre de la famille…)
  20. Des médias et des analystes crédules à souhait, ainsi que des dizaines de blogueurs intéressés, produisant des objectifs de cours improbables, intégrant à la valorisation des projets en développement qui n’auront pas de retombées dans les comptes avant des années au mieux

Comme le souligne le Financial Times, la liste ci-dessus est trop détaillée pour être anodine. Les lecteurs n’auront pas eu de mal à reconnaître dans ce portrait robot une société californienne fondée et dirigée par un homme d’affaires bien connu pour ses lubies et qui a déjà subi les remontrances des autorités… Sans empêcher sa société d’atteindre récemment un nouveau record en Bourse.

Yapeal lance la première Visa Débit en Suisse

Yapeal, la première Fintech à obtenir officiellement la licence FINMA en Suisse, lance aujourd’hui son portemonnaie électronique avec Visa. Il comprend un compte bancaire directement lié, un IBAN personnalisable et une app, qui traite en temps réel réservations et paiements.

Grâce à sa collaboration avec Visa, Yapeal offre à ses clients la première carte de débit Visa en Suisse, qui fonctionne pour les achats en ligne, les paiements sans contact par smartphone et smartwatch ou sur le point de vente, de même que pour les paiements via des apps. Les utilisateurs peuvent donc à présent demander à Yapeal une carte Visa Debit, acceptée dans plus de 200 pays et régions à travers le monde, par 61 millions de commerçants et dans 2,7 millions de bancomats.

Avec cette nouvelle licence Fintech de la FINMA, Yapeal intègre le système bancaire et permet un fonctionnement fluide, sans banque partenaire. Yapeal a déjà construit une solide communauté (les «Yapsters»), qui participe à la définition des priorités en termes de fonctionnalités offertes. Les clients reçoivent pour commencer, de Yapeal, leur propre compte avec IBAN personnalisable (par ex. CH3183019FORGOTMYIBAN) et l’accès à une carte Visa Debit. Au lancement de l’app Yapeal, certains clients choisis de Sunrise, la plus grande société de télécommunication suisse non contrôlée par l’Etat, bénéficieront de la possibilité exclusive d’utiliser les services de Yapeal sur leur téléphone durant une période de six mois, sans frais supplémentaires.

Grâce à la connexion directe au compte bancaire Yapeal, les titulaires de la carte Visa Debit bénéficient d’un aperçu immédiat de leurs transactions. Les transactions de paiement peuvent être suivies et gérées en temps réel dans l’app Yapeal. Payer avec Visa Debit est rapide, simple et sûr. Visa Debit comprend de multiples innovations Visa en matière de sécurité, comme le Visa Token Service, qui permet les paiements mobiles et en ligne.

Avec 2,3 milliards de cartes de débit en circulation, Visa s’impose comme le leader mondial du secteur. En Suisse, d’autres banques émettrices de cartes suivront bientôt et proposeront elles-aussi Visa Debit, bientôt….

La Société Générale achète Shine !

La Société Générale veut séduire les indépendants et les très petites entreprises. Elle a annoncé mardi soir l’acquisition de la néobanque Shine, spécialisée dans ces segments de clientèle. Le montant de la transaction n’a pas été rendu public. Les deux groupes étaient en discussion depuis quelques semaines avec une décision prise avant même le début du confinement.

La SocGen met la main sur une des fintech françaises les plus prometteuses : depuis sa création en 2018, Shine a conquis 70.000 clients, et a levé au total 11 millions d’euros, avec deux tours de table menés par les fonds Daphni et X-Ange. Si elle n’a pas encore atteint la rentabilité, elle aurait toutefois réalisé un chiffre d’affaires de plusieurs millions d’euros.

Dans l’immédiat, la Société Générale prend «plus de 50% du capital» de la fintech. Les différents investisseurs ont vocation à sortir complètement du capital – le fonds XAnge a ainsi indiqué céder sa participation à la Société Générale. Laquelle projette ensuite de monter à 100% du capital «sur quelques années» précise-t-on chez le groupe bancaire français.

L’offre de Shine repose sur un compte professionnel 100% en ligne, avec une carte bancaire et des services d’accompagnement administratif pour venir en aide aux entrepreneurs. Avec ce rachat, intégrée dans le giron de la Société Générale, la fintech pourra proposer de nouveaux services tels que le crédit, l’assurance, et les paiements.

La Société Générale, de son côté, estime que cette acquisition «permettra de développer de larges synergies au niveau du groupe» et de conquérir de nouveaux clients parmi les TPE. Elle affiche même «l’ambition d’être leader français sur ce marché». Shine vient donc compléter l’offre entreprises. Shine est la néobanque à 100% de la Société Générale. Un client Shine pourra bénéficier des différents services du groupe.

Pour se diversifier vers la clientèle des pros et des TPE, la Société Générale avait déjà acquis fin 2018 Treezor, plate-forme de bank-as-a-service (Baas). Elle fournit une plate-forme de services bancaires (ouverture de compte, paiement) qu’elle met à la disposition de ses clients, en marque blanche via des API (interface de programmation applicative).

Green-Got, la néobanque écoresponsable qui veut décarboner notre argent

Opérationnelle d’ici à la fin de l’année, la jeune pousse entend se différencier des autres néobanques en proposant une offre exclusivement verte pour réduire et compenser votre empreinte carbone et financer des projets environnementaux.

« On regarde notre impact sur l’alimentation, on fait attention à nos mobilités et à notre consommation sans savoir que la plus grande partie de notre empreinte carbone se situe en réalité sur notre compte en banque », explique Maud Caillaux, cofondatrice de Green-Got, une néobanque verte, tout juste lancée. Selon une étude Oxfam publiée l’année dernière, les investissements financiers des banques représenteraient plus de deux milliards de tonnes de CO2, soit 4,5 fois les émissions de la France la même année. La raison ? L’argent placé des Français finance bien souvent des énergies fossiles.

Avec sa start-up l’entrepreneuse propose donc un compte courant où chaque euro présent servira à financer des projets environnementaux : projets de rénovation énergétique, de production d’énergie renouvelable, d’agriculture durable et locale, de construction d’infrastructures, de transports en commun, etc. Pour rappel, les banques sont autorisées à utiliser une partie de l’argent de vos comptes courants pour financer des projets, avec la condition de respecter des ratio pour faire en sorte de garder cet argent toujours accessible. Mais celui-ci, « il ne financera pas les énergies fossiles et n’aura pas non plus un impact neutre en dormant simplement dans un coffre. Entre 20 et 30 % du compte courant sera placé dans des actifs verts. Le tout restera très liquide et le particulier ne verra rien sur son compte », précise Maud Caillaux. Et d’assurer : « Il y a une forte demande. » Pour y répondre, des concurrents de Green-Got se sont aussi lancés cette année, à l’instar d’Only One et de Helios .

L’utilisateur reste donc passif, mais peut aussi être dans l’action grâce à un système d’arrondi développé par la plateforme. A chaque transaction avec sa carte bancaire, il lui sera proposé de payer un petit peu plus. L’argent sera ensuite placé sur une cagnotte qui va permettre de financer la plantation d’arbres ou encore la préservation des coraux. Un moyen de compenser une partie de ses émissions .

Enfin, la jeune pousse prévoit la mise en place de partenariats avec des marques écoresponsables pour inciter à mieux consommer. Au total, il faudra débourser six euros par mois pour bénéficier de tous les services. « On ne pouvait pas rendre le service gratuit, car dans ce cas-là, cela signifie que le produit, c’est l’utilisateur et ses données, ce qui est contre nos valeurs », justifie l’entrepreneuse, qui compte déjà 4.000 personnes pré-inscrites au service en un mois et en organique, pour un lancement prévu d’ici à la fin de l’année.

Info Flash : 16 banques européennes s’allient pour un nouveau système de paiement unifié d’ici 2022

Cette nouvelle solution de paiement sera basée sur la technologie des transactions instantanées, indiquent les établissements participants. Seize banques européennes ont annoncé jeudi dernier le lancement d’ici 2022 d’une nouvelle solution de paiement paneuropéenne unifiée, basée sur la technologie des transactions instantanées, en vue notamment d’offrir une alternative aux géants du secteur tels que Visa et Mastercard. 

« Aujourd’hui, un groupe de 16 grandes banques européennes de cinq pays (Allemagne, Belgique, Espagne, France et Pays-Bas) a ouvert la voie au futur lancement d’EPI, l’initiative européenne des paiements », écrivent ces établissements, parmi lesquels figurent les six principales banques françaises. 

Leur objectif ? « Créer une solution de paiement paneuropéenne unifiée s’appuyant sur les paiements instantanés (…), proposant une carte bancaire aux consommateurs et commerçants à travers l’Europe, un portefeuille numérique et des solutions » de paiement entre particuliers (P2P) utilisables partout en Europe, détaillent les acteurs de ce projet. 

Ce faisant, la solution vise à devenir un nouveau standard de paiement pour les consommateurs et les commerçants européens pour tous les types de transactions, y compris en magasin, en ligne, pour les retraits d’espèces et le P2P en plus des solutions des schémas de paiement internationaux. La grande innovation sera de permettre de régler quelqu’un partout en Europe, sept jours sur sept, de manière instantanée avec par exemple le numéro de téléphone portable du bénéficiaire.

Avec un coût estimé à plusieurs milliards d’euros, ce nouveau dispositif vise gros : au moins 60% des paiements électroniques en Europe à terme. Dans le détail, la phase de mise en oeuvre débutera au cours des prochaines semaines via la création d’une société à Bruxelles, chargée de lancer les travaux de mise en oeuvre « pour parvenir à la meilleure expérience utilisateur possible », en vue d’une entrée en phase opérationnelle en 2022. 

Ce nouveau dispositif « sera un soutien pour les institutions publiques européennes et les autorités nationales. Les solutions de paiement numériques existantes en Europe sont fragmentées et les citoyens européens ne sont pas encore en mesure de payer digitalement partout », font valoir les 16 banques, invitant d’autres prestataires de services de paiement à rejoindre l’initiative.  

La Fintech de la semaine : Vybe

Ciblant les jeunes de 13 à 18 ans, la fintech Vybe enregistre sa toute première levée de fonds. Plusieurs business angels et figures de la French Tech ont contribué à ce tour de table évalué à 2,2 millions d’euros.

Aux côtés de Ronan Le Moal (ex-DG du groupe Crédit Mutuel Arkea), qui préside le conseil de surveillance de Vybe, on retrouve des fondateurs de start-up de premier plan : Jonathan Cherki (Contentsquare), Thibaud Elzière (eFounders) et Ankur Nagpal (Teachable). Visant une clientèle jeune, Vybe proposera dès la rentrée de septembre une carte de paiement gratuite et une application. Chaque jeune inscrit sur la plateforme disposera d’un Iban français et pourra régler ses achats avec son smartphone.

Pour Ronan Le Moal, ancien DG du Crédit Mutuel-Arkea et nouveau président du conseil de surveillance de la néo-banque Memo Bank, « Vybe a parfaitement compris les codes de la génération Z qui n’utilisent pas beaucoup les cartes de paiement. L’engouement qu’ils ont su créer pour réinventer la banque des ados par les ados est impressionnant et très prometteur ».

Grâce à une intense campagne marketing, Vybe annonce 170 000 pré-commandes de cartes et 270 000 téléchargements de son application.

Le lancement est prévu pour la rentrée 2020. Vybe opérera en tant qu’agent prestataire de services de paiement pour le compte de PPS (PrePay Solutions), établissement de monnaie électronique, une joint-venture entre Edenred et Mastercard.

On se retrouve la semaine prochaine avec la prochaine Fintech de la semaine !     

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…See You Next Week

Lamiae KETTANI

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B-part est une boutique de conseil en stratégie, en réglementaire et direction opérationnelle de projets. Notre métier : créer des banques et des néo-banques, des fintechs….

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